- Le Japonisme en peinture -
En collaboration avec l'UTL du Pays Bigouden (https://www.utlpaysbigouden.fr), nous ouvrons la possibilité aux adhérents de l'UTL de Quimper d'assister à un atelier d'Histoire de l'Art à Pont L'Abbé à partir du 16 mars 2023 et ce, pour 5 séances. Date limite d'inscription : 2 février.
Jeudi 16 mars 14h30/16h30 : La naissance du japonisme.
C'est le critique et collectionneur Philippe Burty qui crée en 1872 le néologisme « Japonisme » pour désigner une mode pour l'estampe ou le bibelot japonais. Cet engouement est apparu après 1854, la date de l’ouverture du Japon au commerce international, et s’est développé à partir de 1867, date de la présentation du pavillon du Japon à l’Exposition Universelle de Paris. Les premiers peintres comme James Tissot et James Abbott McNeill Whistler s’intéressent d’abord aux costumes, objets et meubles pour réaliser des scènes de genre pittoresques « japonaises ». Mais ce dernier va évoluer rapidement reprenant des effets de composition et de rendu de l’espace alors inconnus de l’art européen. La passion de certains pour cet art révélé va conduire à la constitution de collections incroyables dont celle d’Edmond de Goncourt est la plus connue par son ouvrage La Maison d’un artiste (1881).
Mercredi 22 mars 14h30/16h30 : Les impressionnistes.
Henri Fantin-Latour et Félix Bracquemond figurent parmi les premiers passionnés par ces estampes et objets qui affluent en Europe dans les années 1870-1880. Ils partagent leur passion avec des écrivains comme les frères Goncourt ou Charles Baudelaire dans quelques magasins de thé où l’on peut en acheter. Edouard Manet agrémente ses portraits d’éventails et d’estampes accrochés aux murs et de livres et bibelots posés sur des tables. Mais il met aussi en œuvre les principes nouveaux qui lui sont révélés : succession de plans, aplats colorés superposés ou suppression du rendu de l’espace par des effets de perspective géométrique ou atmosphérique, découpe des figures, etc. Monet qui collectionne avec passion les estampes et fait construire un pont de style japonais dans son jardin de Giverny sera celui qui poursuivra le plus loin de nouvelles expérimentations plastiques, à l’égal de Mary Cassatt dans ses estampes, d’Edgar Degas dans ses études de nus se lavant et de Gustave Caillebotte dans ses rendus de perspective urbaine. L’édition en 1883 de L’Art Japonais de Louis Gonse sera une étape importante dans la découverte de cet art, tout comme l’édition de biographies des graveurs japonais les plus importants comme Hokusai ou Outamaro.
Jeudi 30 mars 14h30/16h30 : Le postimpressionnisme.
Les néo-impressionnistes Georges Seurat et Paul Signac seront fortement influencés par les estampes japonaises dans leurs effets de simplification décorative, mais c’est Vincent Van Gogh qui sera la figure centrale au tournant des années 1890. Il collectionne les estampes dès son séjour à Anvers fin 1885 et constitue à Paris une considérable collection, - plus de 500 estampes -, en s’approvisionnant dans la galerie Bing où il entraîne ses amis Henri de Toulouse-Lautrec, Emile Bernard et Louis Anquetin. Il en expose une partie en 1887 dans le café Le Tambourin. La revue La Japon artistique, publiée par Samuel Bing de 1888 à 1891, jouera un rôle important auprès de la nouvelle génération comme celle des Nabis, Maurice Denis, Edouard Vuillard, Pierre Bonnard ou Paul Ranson. D’importantes expositions sont organisées dans les galeries Georges Petit en 1883 et Durand-Ruel en 1893, puis à l’Ecole nationale des beaux-arts l’année suivante. Van Gogh sera tellement marqué par l’art du Japon qu’il va s’identifier à ce pays qu’il ne connaît pas lors de son séjour à Arles, tant dans son approche des paysages que dans son propre mode de vie.
Jeudi 6 avril 14h30/16h30 : L’école de Pont-Aven.
Paul Gauguin est intéressé comme ses camarades par la découverte de la culture japonais et intègre comme eux des livres, éventails et objets dans ses compositions. Comme son mentor Camille Pissarro, il dessine des paysages ou scènes dans le format de l’éventail. Il s’approprie véritablement l’art japonais en 1887 en découvrant de nombreuses estampes. Emile Bernard, initié par Van Gogh, est présent en 1888 à ses côtés et il contribue à la mise au point du synthétisme, le style de « l’école de Pont-Aven », qui doit beaucoup au Japon par les effets de simplification et de superposition des aplats colorés. Gauguin utilise les années suivantes à Pont-Aven et au Pouldu certaines représentations ou principes comme le pommier en oblique de La Vision du sermon ou la tête inscrite dans un cercle de La Belle Angèle. Son camarade Meyer de Haan se représentera en 1889 au Pouldu sous la forme d’un Autoportrait japonisant. À leur tour, Paul Sérusier et Charles Filiger seront particulièrement influencés.
Jeudi 13 avril 14h30/16h30 : En Bretagne au début du XXème siècle.
Henri Rivière s’exerçait déjà en 1880 au cabaret du Chat noir à des spectacles d’ombres. Celui qui possèdera jusqu’à 50 livres imprimés et 749 estampes sera le graveur qui approfondira le plus la technique de ces impressions, en particulier la gravure sur bois. Ses œuvres remarquables ont été inspirées par les paysages et la vie quotidienne de la région de Loguivy-de-la-Mer et de Douarnenez. Il reprend de nombreux principes comme les séries sur un même thème ou les formats en hauteur des kakemonos. Geo-Fourrier, bien connu à Quimper et à Penmarc’h, poursuivra la démarche. Ce passionné d’art japonais ira même jusqu’à faire imprimer à Kyoto l’un de ses bois gravés. De tous ces peintres et dessinateurs depuis un demi-siècle, seul Mathurin Meheut aura l’occasion de visiter le Japon durant quatre mois en 1914. Ses dessins de la faune et de la flore, réalisés en particulier à Roscoff en 1910-1912, étaient déjà fortement marqués par l’empreinte japonisante comme tous les dessinateurs de style « art nouveau » qui doit beaucoup au Japon. Mais ce séjour le marquera durablement et le confortera dans son intérêt pour cet art qui a tant influencé la peinture occidentale de la deuxième moitié du XIXe siècle et a permis son évolution vers « l’art moderne ».
Intervenant : André CARIOU ancien conservateur en chef du patrimoine et ancien directeur du musée des Beaux-Arts de Quimper
40 € pour les 5 séances ou 10€ par séance