- La cuisine de nos grands-mères -
Cette expression renvoie au monde culinaire et quotidien d’avant l’arrivée massive de l’agro-alimentaire dans notre alimentation. Une alimentation dont certains ont la nostalgie, en particulier ceux qui ne l’ont pas connue, mais qui a été abandonnée sans regrets quand l’agro- alimentaire, et ses promesses d’alimentation rapide à préparer, bon marché, a déferlé en même temps que les 30 Glorieuses. Le mot « grand-mère » lui-même est ambivalent : il renvoie à la fois aux paradis perdus de l’enfance, mais désigne aussi une période archaïque et replié sur lui-même, ignorant le progrès et l’ouverture des mondialisations.
Mais qu’était réellement l’alimentation de nos grand-mères ? Et de quelles grand-mères ? Parle-t-on de l’alimentation plantureuse de la bourgeoisie ? De celle des classes urbaines de l’exode rural ? Ou bien plutôt de cette France rurale, si importante jusqu’à la seconde guerre mondiale, dont le modèle alimentaire s’est conservé si longtemps, ne serait-ce que parce que même les urbains revenaient régulièrement revoir leur famille et le paradis de leur enfance rurale dont, si longtemps, ils ont eu la nostalgie ?
La conférence s’attachera donc à présenter ce modèle qui concerne une période bien précise, entre 1880 et 1950, quand les paysans français, devenus massivement propriétaires, ont enfin pu manger à leur faim, en mettant en valeur les produits de leur ferme, au prix d’un intense travail féminin, utilisant des recettes et des savoir-faire transmis de mères en filles. Ce modèle ne concerne pas que les campagnes : il est aussi dès les années 1920 le symbole d’une France mythifiée, celle de la sobriété heureuse et du terroir, dirait-on maintenant, celle s’opposant à la grande gastronomie luxueuse des palaces.
Mais cette alimentation est plus ouverte et évolutive qu’on le pense.
Quelles sont donc les caractéristiques de cette alimentation de nos grand-mères ? Pourquoi cède -t-elle si facilement au rouleau compresseur de l’agro-alimentaire des années 50-60 ? Pourquoi, au-delà de la nostalgie, redevient-elle un modèle pour l’alimentation actuelle, où on redécouvre les légumes oubliés, les savoirs, les vertus d’une alimentation locale, bio, de saison ?
Biographie
Enseignante en histoire.